LE PUITS SALÉ D'UGARRE À ESTÉRENÇUBY.
De très nombreuses sources d'eaux minérales existent au Pays Basque Nord et certaines d'entre elles, comme celle de Mauléon ont même des vertus curatives.
Dans un précédent article, je vous ai parlé de la source d 'Ahusquy en Soule et je vous propose
aujourd'hui une nouvelle source minérale oubliée, celle du puits salé d'Ugarre à Aincille-
Esterençuby (Basse-Navarre), datant du haut Moyen-Âge.
En effet, ce puits salé a un passé remarquable.
Le sel se trouve entre 20 et 40 mètres de profondeur.
Mentionnée sur la carte de Cassini, cette source n'est aujourd'hui connue que par son puits
mais il faut distinguer trois périodes dans l'histoire de ce site, avec l'usine de la saline d'Aincille.
COMMUNE D AINCILLE CARTE DE CASSINI 1750 PAYS BASQUE D'ANTAN |
- Le baron Philippe-Frédéric De Dietrich (savant, homme politique et franc-maçon
alsacien) (guillotiné le 29 décembre 1793) expose le curieux régime de cette exploitation de
sel ; la propriété de cette saline est aux 29 habitants de ce village, ce titre repose sur un arrêt du
Conseil d'Etat de 1672.
De Dietrich raconte que : "la saline est à 4 heures de marche, à 2 000 toiles au Sud-Est de St-Jean-
Pied-de-Port... Le puits est situé entre deux montagnes, dans une gorge étroite. Il a deux
pieds sept pouces de diamètre et quinze pieds de profondeur ; mais l'eau ne s'y élève que
jusqu'à deux pieds de l'orifice.
On ne vide ce puits que sept à huit fois par an, parce que son eau perd sa salure après qu'elle a
été puisée dix jours de suite. La première eau qui remplit le puits au moment où on veut faire
du sel est rejetée, parce qu'on ne la trouve pas suffisamment salée. On commence donc par
l'épuiser jusqu'au sol, puis on le laisse se remplir ; ce qui se fait en trois jours, lesquels étant
révolus, on en puise de suite l'eau pendant dix jours consécutifs ; à cette époque, les eaux,
perdent leur salure, et il faut attendre cinq à six semaines pour qu'elles la reprennent; ce qui
oblige de laisser reposer le puits..."
Le produit de ce puits salé est partagé en 29 portions et l'on établit pour chacune une
chaudière.
Cette saline qui se trouvait sur la commune d'Aincille fut réunie au domaine royal en 1683.
En 1685, le roi Louis XIV impose la gabelle en Basse-Navarre, contrairement aux lois du pays :
il s'en suit une révolte à Aincille.
Pour calmer cette émeute le meneur fut pendu publiquement.
Les actionnaires affermaient leurs parts à dix façonneurs qui exploitaient la petite usine.
Elle comprenait une file de 29 chaudières surmontées chacune d'un petit atelier
Une maison à étage abritait les façonneurs et un magasin attenant abritait le sel issu de
l'évaporation de l'eau chauffée au bois.
La description du mode d'exploitation et les chiffres fournis en 1786 permettent d'avoir une
idée de la production de sel : en un jour, une chaudière consomme 10 seaux (113 litres) d'eau et
produit une demi-conque de sel (29 livres soit 14,195 kilogrammes).
Par an, les 29 chaudières consomment 208 800 litres d'eau et produisent 25 230 kg de sel.
Cette activité disparaît peu à peu.
- Puis le commerce local : la loi de 1840 exige une concession pour l'exploitation de puits
d'eau salée, son propriétaire en fait la demande à partir de 1892 insistant sur le fait qu'il existe
à l'échelle locale un commerce de sel clandestin portant préjudice aux salines de Briscous et au
fisc.
Des douaniers surveillaient d'ailleurs le site jusqu'en 1950.
- Enfin, le projet de création d'un établissement thermal : en 1929 le maire de Saint-Jean-
Pied-de-Port (Donibane Garazi) sollicite un droit de fouilles à l'emplacement des anciennes
salines en vue d'alimenter un établissement de bains qui serait créé dans la ville.
Le trajet d'adduction avait été choisi, l'emplacement des thermes repéré, mais la déclaration
de guerre stoppa le projet.
L'intérêt constant apporté à cette eau repose sur sa composition : des analyses faites en 1892,
1935 et 1984 révèlent une concentration de 290 grammes de chlorure de sodium par litre d'eau.
Le sel servait à conserver les viandes et Eugène Goyheneche précise que "c'est donc avec
raison qu'on a pu dire que la renommée du jambon de Bayonne était le fruit de la
collaboration entre les porcs du Pays Basque et le sel de Salies... et d'Aincille".
ESTERENCUBY PAYS BASQUE D'ANTAN |
ESTERENCUBY PAYS BASQUE D'ANTAN |
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