LA SOURCE SALÉE DE CAMOU-CIHIGUE (GAMERE EN BASQUE), EN SOULE.
Depuis fort longtemps, on a attribué aux eaux minérales une action physiologique bénéfique, d'où l'utilisation séculaire de certaines d'entre elles.
Au Pays Basque Nord, il existe de nombreuses sources d'eaux minérales, certaines oubliées ou
inexploitées de nos jours, qui ont pourtant connu leur période prospère.
Dans des articles précédents, je vous ai parlé de la source d'Ahusquy à Aussurucq (Soule), du
puits salé d'Ugarré à Aincille-Esterençuby et de l'établissement de bains de Labets-Biscay, en
Basse-Navarre, je vous parle aujourd'hui de la source salée de Camou-Cihigue, en Soule.
L'émergence de la source salée aux bains “Aguer” à Camou se nomme “lamina –xilo”, trou des
laminak.
AMITIES DE CAMOU-CIHIGUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Une canalisation conduit sur 350 mètres l’eau thermale à l’établissement de bains.
En 1857 Michel cite cette source salée et se réfère à des notes de 1587 : “Guessale de Camou est
propre à en faire du sel blanc”.
Dans son dictionnaire basque-espagnol de 1884, Aizquibel définit “gesala” par des eaux qui ne
sont pas salubres parce qu’elles contiennent des sels minéraux variés… comme il arrive
presque toujours avec toutes les eaux thermales.
De tout temps cette eau ne s’emploie qu’en bains ; d’après le propriétaire, P. Aguer, les gens se
baignaient dans le trou des laminak avant même l’aménagement des bains-douches.
La maison de ferme transformée en établissement thermal comprend au rez-de-chaussée un
couloir communiquant avec quatre cabines de bains et une douche.
Les bains commençaient vers 6 h.30 ; bien que l’eau salée sorte de la source entre 30° et 38° C,
elle est réchauffée à 37° C par une chaudière à bois.
La durée du bain varie entre cinq et vingt minutes maximum : l’expérience de Madame Aguer
l’amène à établir un programme de bains à durée progressive du fait de la fatigue thermale ;
durant le bain, elle prend soin de parler aux curistes pour les surveiller, l’eau est si dense
qu’elle soulève le baigneur.
À une époque, une vingtaine de personnes prenait quotidiennement des bains.
La cure exige un séjour d’au moins neuf jours et peut en atteindre vingt-et-un suivant les
moyens de chacun, mais il faut obligatoirement rester un nombre impair de jours.
Les maîtresses de maison ("etxeko andereak") arrivent avant leurs maris ("uretarat joan"), ils
les rejoignent après avoir fait les foins.
Après le bain, les curistes prennent leur petit-déjeuner puis regagnent leur lit jusqu’à l’heure
du déjeuner soigneusement préparé par la propriétaire.
Avant 1926, les curistes portaient leur nourriture : chacun avait sa porte d’armoire pour
ranger les victuailles.
LAMINA ZILOA A CAMOU-CIHIGUE SOULE |
SOURCE SALEE DE CAMOU-CIHIGUE EN SOULE |
P. Aguer reconnaît que les femmes suivaient sérieusement leur traitement, les hommes
donnaient à leur cure une ambiance de vacances, voire de fête.
En 1926, suite à l’amélioration évidente de l’état de santé d’un curiste atteint de rhumatismes,
le docteur Chaubar invita le docteur Valdiguie de l’institut d’hydrologie de l’université de
Toulouse à analyser cette eau, prélevée à 38° C, il conclut que "cette eau thermale est
radioactive, elle doit être classée dans le groupe des chlorurées sodiques, bromurées ; elle
renferme des sels de chaux, de magnésie et des petites quantités de fer et de cuivre", l’analyse
de 1985 laisse apparaître des similitudes pour la température, les chlorures et le sodium.
En 1935, le journal La Dépêche conseille cette station à bon nombre de personnes :
"le diplomate interrompt ses rêveries souvent trompeuses, le commerçant s’arrache à la
hantise des échéances redoutables, l’industriel fait trêve à ses recherches en vue d’obtenir un
prix de revient plus favorable à la reprise de la vie économique ; l’universitaire recherche une
détente de son esprit et de ses nerfs et l’agriculteur aspire au désœuvrement physique qui
donnera plus de souplesse à son organisme fatigué".
Les curistes affluent de toute la Soule et même du Béarn, les médecins suggèrent des cures à
Camou.
LES MONTAGNES DE CAMOU EN SOULE PAYS BASQUE AUTREFOIS |
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