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samedi 25 mai 2024

LES PROVINCES DU GUIPUSCOA ET DE BISCAYE AU PAYS BASQUE EN SEPTEMBRE 1839

LE GUIPUSCOA ET LA BISCAYE EN 1839.


La Convention d'Ognate, signée à Ognate, en Guipuscoa, le 29 août 1839 entre le général libéral Baldomero Espartero et les représentants du général carliste Rafael Maroto, a mis fin dans le Nord de l'Espagne à la première guerre carliste, commencée en 1833.



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COSTUME BASQUE
ALBUM 2 FRONTIERES B. HENNEBUTTE 1852



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Le Siècle, le 15 septembre 1839 :



"La Biscaye et le Guipuzcoa



Les Byscayens ont dû se rassembler le 8 de ce mois sous l'arbre de Guernica pour délibérer sur le maintien ou la modification de leurs fueros. Cette coutume de se réunir sous un arbre à Guernica remonte à l'année 1250. Elle s'est établie, selon toute apparence, sous Diego Lopez, douzième seigneur de Biscaye, que ses vassaux contraignirent les armés à la main, de rétablir et d'observer leurs privilèges qu'il avait violés. Les rois d'Espagne, jusqu'à Ferdinand VII inclusivement, ont tous reconnu et respecté ces fueros. 




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ISABELLE LA CATHOLIQUE 
FORS DE BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le code qui régit maintenant la Biscaye date de 1526. Il contient tous les fueros, les libertés, les privilèges et les coutumes du pays. Ce code fut approuvé et confirmé par l'empereur Charles-Quint. Voici quel est le gouvernement qui porte le nom de seigneurie de Biscaye. 



Le pays est représenté par une junte générale qui s'assemble chaque année sur la convocation du corrégidor. Tous les pueblos ont une voix dans cette junte. Le mode électoral est fort simple et fort démocratique : pour être admis à voter il suffit d'être de pur sang biscayen, d'être majeur et d'avoir un domicile connu. La députation ainsi nommée se rend au jour indiqué sous l'arbre de Guernica, où les députés siègent sur un banc de pierre dans un ordre réglé d'avance, et prêtent serment après la vérification de leurs pouvoirs. La junte, quand elle est constituée, tient ses séances dans la salle des archives réunie à l'ermitage de Mora. Il n'est pas besoin de dire que les séances sont publiques. La junte générale traite de toutes affaires de la seigneurie et nomme à tous les emplois du gouvernement, suivant un mode antique et bizarre. 



On divise les députés en deux bandes, qui prennent le nom d'Onezimo et Gambozno, en souvenir de deux anciennes factions qui ont partagé le pays. Chacune de ces bandes tire au sort trois électeurs qui proposent pour chaque office un certain nombre de personnes parmi lesquelles le sort désigne les titulaires des emplois. Comme il importe qu'aucune des deux bandes n'ait à se plaindre, les fonctionnaires sont doublés : il y a deux alcades, deux députés, deux secrétaires et six régidors, trois pour chaque bande. Ces douze magistrats composent, ainsi que nous l'avons dit plus haut, la seigneurie de Biscaye. Il faut y ajouter un corrégidor nommé par le roi. Ce corrégidor, qui a trois lieutenans, dont l'un siège à Guernica, avec le titre de lieutenant-général, doit être lettré et de pur sang Biscayen. Le pouvoir exécutif porte le nom de députation ; il est composé du corrégidor et de deux membres élus qui siègent à Bilbao. Les mêmes magistrats administrent et jugent au civil et au criminel. Ce qu'on appelle la division des pouvoirs est inconnu ou mal défini en Biscaye, et c'est sur ce point qu'il convient, ce nous semble, consister pour apporter dans les fueros des modifications qui permettent au pouvoir royal de faire sentir son action. 




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LES FUEROS DU PAYS BASQUE ET DE LA NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Parmi les privilèges dont jouissent les Biscayens, il en est quelques-uns qui n'ont plus de signification, tel, par exemple, que celui de jouir en Espagne des privilèges de la noblesse, et d'autres qu'ils abandonneront sans doute avec peu de regrets. Le droit de ne payer au roi que l'impôt payé à l'ancien seigneur, sauf les dons gratuits, sera facilement échangé contre un impôt modéré sur les terres et sur les maisons. Il en sera de même du privilège de ne fournir aucune recrue à l'armée. La Biscaye consentira (tout du moins le fait présumer) à tenir sur pied un certain nombre de bataillons dont la couronne nommera les officiers. Restera, il est vrai, à décider si en temps de paix les bataillons pourront être envoyés dans des garnisons espagnoles ; mais si l'on stipule qu'à cet effet le consentement de la junte sera nécessaire, il est probable que la junte ne le refusera pas. Quant à la défense d'introduire des troupes étrangères, c'est-à-dire espagnoles, en Biscaye, elle peut être levée comme elle l'est pour le Guipuzcoa, dont nous allons nous occuper. 



Le Guipuzcoa a, comme la Biscaye, la prétention de s'être donné volontairement et à des conditions stipulées d'avance à la couronne de Castille. Cette prétention qui eût pu être victorieusement combattue par des documens historiques, a été, au contraire, formellement reconnue en 1752 par Ferdinand IV, qui, dans une cédule royale, a déclaré que cette province s'était livrée de son plein gré, sous la garantie de ses antiques fueros. Le code qui régit aujourd'hui le Guipuzcoa a été approuvé par Charles II dans les dernières années du dix-septième siècle. Ce code, fort démocratique, l'est pourtant moins que celui de Biscaye. 



Il existe aussi en Guipuzcoa une junte générale ; elle est composée de 57 procuradores nommés, non point par tous les citoyens majeurs et domiciliés, mais par les principaux propriétaires et les municipalités. Cette junte générale s'assemble fixement le 2 juillet. Elle élit quatre députés généraux, qui doivent être choisis dans les quatre villes suivantes : Saint-Sébastien, Tolosa, Aspeitia et Ascoytia. Cette députation siège pendant trois ans dans chacune de ces villes, qui acquièrent par là tour à tour une prépondérance décisive. Le député de la ville où siège la députation est, à vrai dire le seul député ; c'est lui qui, assisté d'un adjoint et de deux alcades, expédie toutes les affaires courantes. Celles qui résultent de cas imprévus sont seules soumises à la députation extraordinaire, composée des quatre députés avec leurs adjoints, et qui se réunit en juillet et en décembre de chaque année. Il y a en outre des juntes locales qui correspondent à nos conseils d'arrondissement. La municipalité en Guipuzcoa, comme en Biscaye, a des pouvoirs fort étendus et fort complexes. L'alcade principal (le maire) est juge en première instance au civil et au correctionnel. Quelques-uns de ces alcades, qualifiés mayors, ont une juridiction plus étendue. Le corrégidor est le juge d'appel, le juge suprême de la province. Ce magistrat, nommé par le roi, réside tour à tour dans les quatre villes où siège la députation ordinaire. Il préside les juntes, mais il n'a ni droit de suffrage ni droit de veto. C'est le gouvernement constitutionnel dans sa barbarie native.  



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AZCOITIA
ALBUM DES 2 FRONTIERES B. HENNEBUTTE 1852





Les privilèges du Guipuzcoa sont les mêmes que ceux de la Biscaye ; point d'impôt au roi, point de droit d'entrée, point de milice, etc. Seulement la couronne a le droit de faire entrer des troupes dans la province pour former les garnisons de Saint-Sébastien et d'Irun. On sait combien ce droit a été favorable à la couronne pendant la dernière insurrection. Si don Carlos eût pu se saisir de Saint-Sébastien, il n'eût pas triomphé sans doute, mais il eût pu recevoir régulièrement les secours des puissances du Nord, et sa position eût été bien plus avantageuse. Nous pensons que le Guipuzcoa ne fera pas plus de difficulté que la Biscaye d'entretenir une force armée régulière et de payer un impôt modéré sur les terres et sur les maisons. La grande question est celle des douanes. 




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IRUN
ALBUM 2 FRONTIERES B. HENNEBUTTE 1852




Un journal propose de la résoudre par une association douanière entre l'Espagne et France. Nous souhaitons sincèrement la réalisation de cette idée ; mais un tel problème demande du temps, ne fût-ce que pour régler les moyens d'exécution. Nous pensons donc que le plus sage parti serait d'ajourner la question de douanes à un terme fixe de deux ou trois ans. D'ici là on aurait pu détruire bien des préjugés commerciaux en France, en Espagne, en Belgique. La question politique entre l'Espagne et les provinces n'admet au contraire aucun retard ; avant tout il faut qu'elle soit résolue."




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lundi 29 mai 2023

WENTWORTH WEBSTER UN ANGLAIS AMOUREUX DU PAYS BASQUE AU DÉBUT DU VINGTIÈME SIÈCLE (cinquième et dernière partie)

WENTWORTH WEBSTER AU PAYS BASQUE.


Wentworth Webster, né le 16 juin 1828 à Uxbridge, en Angleterre et mort le 2 avril 1907 à Sare, en Labourd, est un prêtre anglican, collecteur des contes traditionnels du Pays Basque, érudit de langue anglaise, française et basque.




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WENTWORTH WEBSTER
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire La Côte basque : revue illustrée de 

l'Euzkalerrria, le 15 février 1925 :



"Basques. Extraits de l’ouvrage du Révérend Wentworth Webster.


Les Loisirs d’un Etranger au Pays Basque.



Le Basque était un homme libre de fait et de loi, impossible de lui appliquer une autre qualification. Mais le seul homme ainsi libre, c’était le baron, le noble ; donc le Basque était baron, il était noble, avec des privilèges, plus grands, plus dignes que les privilèges égoïstes de la caste supérieure du temps de la féodalité, car ils lui conféraient des devoirs politiques, administratifs, municipaux. La noblesse universelle des Basques n’était nullement un apanage de famille, c’était une noblesse nationale et de race. Pour en faire les preuves, pour constater ses droits, il n’était pas besoin de généalogie remontant à tel ou tel ancêtre à demi fabuleux ; on ne demandait ni charte ni parchemin portant le scel du roi quelconque. Le Basque pouvait ne pas posséder un pouce de terrain ; à lui seulement de montrer que, Basque, il était né sur le sol basque de deux générations de parents basques. Par ce fait et devant la loi espagnole, il était hidalgo. Au milieu de ces concitoyens, simple Basque, libre comme eux tous, il devait se tenir prêt à faire son devoir avec ses frères, à donner sa vie pour la constitution de son pays, pour ces fueros par lesquels il était homme libre.



Comment est-il arrivé que les partisans les plus outrés de l’absolutisme pur, les défenseurs de la politique la plus retardataire, se soient recrutés au milieu d’un peuple possédant des institutions si hautement libérales ? Il est difficile de répondre, en quelques lignes ; mais ce phénomène nous paraît provenir de deux causes : l’une, lente et inévitable en rapport avec les progrès de la liberté dans le reste de la Péninsule, l’autre qui est l’histoire d’une série de déceptions et de mécomptes.



Jamais peuple n’a si vaillamment lutté pour un but plus misérablement illusoire. Après mûr examen de leurs institutions et de la question en jeu, un homme distingué, correspondant d’un journal de l’Amérique du Nord, les appelait "des Républicains combattant pour le droit divin". Ces hommes qui possédaient les libertés les plus larges qui furent jamais, formaient l’entourage de Don Carlos ; ils servaient de soutien au plus tyrannique des absolutismes, à la plus violente des réactions.



Tout basque était noble, homme libre devant la loi, Aussi longtemps qu’ailleurs en Espagne, il y eut des classes privilégiées, ce privilège des Basques pouvait et devait subsister. Le Basque avait raison de combattre jusqu’à la mort pour le maintien de ce magnifique droit de naissance. Mais lorsque, dans la Péninsule entière, il n’y eut plus de classes asservies, quand tout Espagnol fut déclaré libre et que les impôts cotés par les représentants de la Nation furent répartis entre tous les citoyens, ces privilèges et ces droits n’avaient plus de raison d'être ; ils devaient prendre fin chez les Basques des trois provinces, comme ils avaient déjà fait de ce côté des Pyrénées. A partir de ce moment, les Vascongades ne pouvaient plus jouer que le rôle, non plus d’hommes libres, mais des membres d’une caste favorisée ; ils devenaient les adversaires communs de la liberté, une exception blessante aux lois de la patrie.



Les Basques ont eu, ils ont encore raison d’exiger toutes les garanties possibles contre la violation de leurs anciennes libertés, d'agir avec toute réserve, de prendre toutes leurs précautions pour que le caractère probe, économe, essentiellement pratique de leur administration intérieure, ne soit pas noyé dans le système corrompu, négligent, coûteux du gouvernement espagnol. Malheureusement, on a greffé sur cette question celle de la religion et celle de la dynastie. A tort ou à raison, la plupart des Basques se sont laissé persuader que l’existence des fueros est liée au maintien de la couronne dans la descendance masculine, à la suprématie du dogme catholique romain et de l’unité du culte en Espagne. Le Basque est un catholique fervent ; les libéraux, on le lui dit, ont pillé l’Eglise, chassé les moines, vendu les couvents, persécuté le clergé... Ennemis des croyances religieuses des Basques, ils ne sauraient être qu’hostiles à leurs institutions politiques et communales !



Une des plus grandes fautes, et ils en ont commis beaucoup, des libéraux constitutionnels en Espagne, fut de ne pas garantir les fueros basques immédiatement après la mort de Ferdinand VII. A cette époque, comme dans la première période la Révolution française, la plupart des villes industrielles des provinces basques, ainsi que la majorité des hautes classes, auraient facilement accepté les idées nouvelles ; mais les libéraux hésitèrent et Charles V, peut-être pour la seule fois dans sa vie, sut montrer de l’énergie et de la prévoyance ; il se prononça hautement pour la conservation des fueros. Le clergé, inutile de le dire, prenait parti pour la monarchie absolue ; c’en fut assez pour déterminer un soulèvement des Basques contre un gouvernement qui semblait vouloir saper des institutions si chères. Et pourtant les grandes villes, des provinces, Bilbao, Vittoria, San Sébastian, Pampelune, ne se sont jamais entièrement dévouées aux souteneurs du droit divin ; "Fueristes", elles le sont toutes, carlistes non. Leurs habitants sont aussi attachés que les autres Basques à leurs anciens privilèges, mais ils ne veulent pas se déclarer les alliés des adversaires du droit commun en Espagne ; ils ne veulent pas imposer le despotisme qu’ils rejettent eux-mêmes.


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GUERRES CARLISTES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les "Fueros" s’en vont. Si, au point de vue théorique, la chose ne peut être fort regrettée, elle nous paraît en tout point déplorable et dans la pratique, et dans l’état actuel de la vie civile espagnole. L’administration provinciale et municipale des Basques a été excellente ; même au temps où l’Espagne accélérait le plus sa propre décadence, les provinces vascongades faisaient exception au reste de la Péninsule. Il n’y avait pas de brigands, le pays était sûr, le peuple satisfait. L’administration espagnole, une des plus négligentes et des plus dispendieuses de l’Europe, va tout recouvrir de sa boue, et personne ne peut voir sans douleur s’y engloutir la probité, la sagesse pratique des Euskariens. Quelle réglementation, si bien rédigée qu’elle soit, suppléerait à l’éducation administrative, fruit de tant de siècles de prudence et d’honnêteté !



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PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Il y a toute la différence du monde entre les plumitifs mal payés qui ne songent qu’au moyen d’augmenter leur maigre salaire et d’intriguer pour leur avancement, et des municipalités librement élues, qui rendent compte aux hommes libres leurs frères, de ce qu’elles ont fait pour le bien commun, suivant la tradition des ancêtres ! Le gouvernement actuel désire la prospérité des provinces, il a même nommé une commission pour étudier les institutions basques et voir ce qui pourrait en passer dans celles du reste de l’Espagne.



Notre souhait serait qu’on allât de l’avant dans cette voie, et qu’au lieu d’introduire chez les Basques les errements de la bureaucratie castillane, l’administration de la Péninsule s’inspirât désormais de la sagesse, de la probité, de l’économie pratiquées si longtemps par un des plus petits peuples du beau pays des Espagnes."




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lundi 12 avril 2021

LA CONVENTION D'OGNATE EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1839

 LA CONVENTION D'OGNATE EN 1839.


La Convention d'Ognate, signée à Ognate, en Guipuscoa, le 29 août 1839 entre le général libéral Baldomero Espartero et les représentants du général carliste Rafael Maroto, a mis fin dans le Nord de l'Espagne à la première guerre carliste, commencée en 1833.




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CONVENTION D'OGNATE 1839
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta le journal Le Temps, le 8 octobre 1839 :



"Affaires d'Espagne. 


L’Amnistie. — Les Fueros



Le gouvernement espagnol poursuit l'œuvre de conciliation commencée par la convention de Bergara, tandis que la chambre des députés est saisie du projet de loi relatif à la conservation des fueros, et en attendant les discussions qui vont s’ouvrir sur le rapport de la commission, il vient de présenter au sénat un projet d'amnistie générale, dont le bienfait ne peut manquer de lui rattacher les populations des provinces naguère insurgées, en ramenant au milieu d’elles la sécurité et la confiance. Tout pouvoir se fortifie à mesure qu’il lui est donné de pardonner. Ce projet d’amnistie a cela de remarquable qu’il donne à la mesure un effet rétroactif, en stipulant l’annulation de tous les jugements rendus en matière de délits politiques. Quant aux procédures actuellement pendantes, il va sans dire qu’elles n’auront pas de suite. Une générosité aussi large est d’une saine politique et contribuera plus que les menaces et l’intimidation à faire rentrer dans la soumission les chefs caristes qui tiennent encore la campagne, et semblent fonder un vague espoir sur l’entretien de quelques misérables guérillas.



La question des fueros sera vivement controversée, si la chambre met en discussion, comme cela a déjà eu lieu dans d’autres circonstances, le double projet de la commission divisée en majorité et en minorité. Le projet primitif du gouvernement ayant aussi ses partisans, il y aura trois systèmes différons en concurrence. Il faut avouer que cela peut avoir ses dangers. Aussi un journal de Madrid annonce-t-il que la discussion ne saurait être établie sur de pareilles bases. S’il faut l’en croire, le projet de la majorité de la commission est mal accueilli dans le public, et des députés ont reçu de leurs provinces des lettres qui les engagent à appuyer uniquement la ratification du traité de Bergara, et à rejeter les restrictions que propose le projet en question.



Il est de fait que le projet part d’un principe assez inquiétant pour les partisans exclusifs de la conservation des fueros. Le traité de Bergara, dit le rapport, a laissé aux collés la faculté pleine et entière d'accorder ou de modifier les fueros des provinces basques et navarraises. Rien ne prouve qu’il y ait eu de la part du duc de la Victoire, consentement à aucune clause ou réserve secrète capable d’atténuer cette latitude indéfinie. En conséquence c’est la modification des fueros que la majorité de la commission propose. La minorité se borne à amender le projet du gouvernement, en stipulant plus catégoriquement en faveur de la reconnaissance de la constitution par les provinces ralliées, et en ajoutant quelques dispositions relatives à la transition entre le régime actuel et le régime des fueros confirmés.


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LES FUEROS DU PAYS BASQUE ET DE LA NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Toutes ces divergences, et la crainte d’en voir surgir d’autres dans les débats qui vont s’ouvrir, ont fait naître un quatrième projet dont la simplicité et l’application prompte et facile séduira peut-être beaucoup d’esprits. C’est le Corresponsal, organe du parti modéré, qui en est le révélateur et le promoteur tout à la fois. Il consiste à sanctionner purement et simplement le statu quo des provinces basques et navarraises, sous la seule réserve de la nationalité, c’est-à-dire de leur soumission au gouvernement monarchique central, et de remettre à l’avenir la question de la modification des fueros. Les partisans de ce tiers-parti se flattent que, sous l'influence de l’expérience et de la réflexion, et pour peu que le progrès et la prospérité se fissent bientôt sentir dans l’Espagne constitutionnelle, les provinces privilégiées ne tarderaient pas à faire l’abandon partiel ou total des immunités qu'elles réclament aujourd’hui, plutôt pour la satisfaction de leur amour-propre que pour la garantie de leurs intérêts. Par ce moyen, ajoute le même journal, la question serait tranchée immédiatement, le gouvernement donnerait à ses ennemis d’hier une preuve éclatante de sa loyauté et de sa générosité, et il acquerrait des droits à la soumission entière, et peut-être prochaine, des provinces qui stipulent encore des conditions.



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LIVRE L'ABOLITION DES FORS BASCO-NAVARRAIS


Cette version nouvelle peut être discutée comme ressource dernière, mais il est trop tard, ce nous semble, pour la substituer aux systèmes actuellement soumis aux délibérations de la chambre ; et puis, il faudrait encore qu’elle surgît des rangs des députés. Il est vrai que c’est ce qu’indique le Corresponsal, en disant qu’il sera proposé une nouvelle rédaction qui permettra aux cortès de ratifier solennellement, et sans autre restriction que la réserve de la nationalité, les lois, privilèges, ou fueros des provinces du Nord.



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LIVRE LES BASQUES LEURS FORS DE J GAZTELU 


En définitive, quelle que soit l’issue de cette question ardue, qui a pour objet de concilier un régime exceptionnel avec le gouvernement unitaire, et de faire entrer une sorte de fédération dans une monarchie constitutionnelle, on ne doit pas s’attendre à la voir résolue fermement et à toujours. Le temps amènera certainement un nouveau changement qui naîtra des difficultés mêmes et des tiraillements inhérents à une situation contraire à toutes les règles de la logique. En attendant, il faut affermir la paix, soulager le pays des charges de guerre, et réparer ses forces épuisées pour le pousser ensuite plus hardiment dans la carrière du progrès. On peut, on doit se soumettre à quelques sacrifices en vue d’un tel résultat ; c’est là la tâche qui est dévolue aux chambres espagnoles. Nous verrons bientôt comment elles la rempliront."



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samedi 3 octobre 2020

LES FUEROS AU PAYS BASQUE EN NOVEMBRE 1841

LES FUEROS EN 1841.


Jusqu'en 1841, les provinces du Pays Basque Sud bénéficiaient de liberté commerciale et la barrière douanière du royaume d'Espagne s'arrêtait à l'Ebre.


pais vasco antes fueros
LES FUEROS DU PAYS BASQUE ET DE LA NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet la presse nationale française dans plusieurs éditions :


  • le Journal des débats politiques et littéraires, le 11 novembre 1841 :

"Paris, 10 Novembre. 



Nous évitons plutôt que nous ne recherchons l'occasion de nous étendre sur les affaires d'Espagne. C'est un triste spectacle que celui d'une nation voisine, liée à la France par tant de souvenirs et d'intérêts communs , plongée aujourd'hui dans un désordre plein tout à la fois de violence et de faiblesse ; et lorsqu'on n'entrevoit ni remède facile, ni solution prochaine à cette crise déplorable, ce n'est pas sans une certaine tristesse qu'on se voit obligé d'enregistrer jour par jour le bulletin monotone de cette fièvre chronique qui use ses forces et semble ajourner indéfiniment tout espoir de guérison. C'est donc bien gratuitement qu'on nous accuse de charger et de noircir comme à plaisir le tableau des événements. Ce serait un soin malheureusement bien inutile ; la réalité est déjà assez sombre par elle-même. Nous ne demanderions certainement pas, mieux que de voir les choses en beau et de nous bercer de chimériques espérances comme la plupart des journaux de l'Opposition. Ce n'est pas notre faute si cet optimisme aveugle nous est complètement refusé. 



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LES FORS DE BISCAYE




Aujourd'hui cependant un de ces journaux mêle aux reproches ordinaires et en quelque sorte convenus, dont l'Espagne fournit tous les jours le texte contre nous, une accusation d'inconséquence que nous ne croyons pas fondée, et qu'il serait trop facile de retourner contre lui-même. La manière sommaire dont Espartero vient de supprimer les fueros des provinces basques ne nous a paru ni juste ni politique. On s'autorise du blâme que nous avons exprimé à cette occasion pour nous accuser de favoriser l'esprit de localité, qu'il regarde avec beaucoup de raison comme beaucoup trop puissant en Espagne, et que nous avons nous-mêmes toujours combattu. Le blâme jeté sur la suppression des fueros paraît être à ce journal en contradiction formelle avec cet esprit de centralisation et d'unité que nous avons toujours recommandé à l'Espagne. Nous allons voir tout à l'heure jusqu'où va la contradiction qu'on nous reproche ; mais prenons acte d'abord de cette adhésion aux idées d'unité et de centralisation. Cette adhésion, pour être tardive, n'en est que plus méritoire. L'Opposition aura reconnu sans doute combien elle se trompait l'an passé, lorsqu'elle appuyait la malencontreuse insurrection de septembre. A cette époque c'était également l'unité et la centralisation qui étaient en cause, et de plus la légalité et la Constitution. La loi sur les ayuntamientos, qui servit de prétexte à la levée de boucliers des juntes, avait précisément pour objet de restreindre le pouvoir excessif attribué aux autorités municipales et de les faire rentrer dans la sphère hiérarchique , en attribuant à la Couronne la nomination ou le choix des alcades. Pourquoi donc à cette époque, l'Opposition si ombrageuse en matière de centralisation, se faisait elle l'avocate de la rébellion des municipalités ? Serait-ce par hasard parce que la loi qui limitait leur autorité avait été régulièrement votée par les Cortès et sanctionnée par la Couronne ? Dans ce cas on concevrait très bien l'approbation qu'on donne à la suppression des fueros ; car ils ont été supprimés, comme nous l'avons dit, d'un trait de plume, quoique solennellement reconnus à Bergara et ratifiés par les Cortès. L'Opposition ne se montre donc inconséquente que dans ses idées sur la centralisation qu'elle combattait il y a un an avec la même ardeur qu'elle la soutient aujourd'hui ; mais du moins, en matière de légalité, elle est fidèle à ses antécédents : tendances locales, esprit d'unité, elle défendra les mesures les plus contradictoires, pourvu qu'elles soient en opposition avec les lois, avec les traités, avec la foi jurée ; quant au reste apparemment, peu lui importe. 


pais vasco antes vizcaya fueros
LES FORS DE BISCAYE 1452




La suppression des fueros dans les circonstances présentes ne nous parait, nous l'avons déjà dit, ni juste, ni politique. Pour ce qui est de l'opportunité de ce décret et de l'habileté du régent en cette circonstance, nous ne pouvons partager sur ce point l'admiration de l'Opposition. Semer de nouveaux germes d'irritation dans des provinces, belliqueuses soumises en ce moment même à mille vexations et traitées en pays conquis, cela nous parait d'autant moins habile que l'autorité d'Espartero vient d'être cruellement outragée à Barcelone, où la citadelle a été démolie contre sa volonté formelle et malgré les protestations de ses lieutenants, et que le parti du mouvement extrême l'a déjà débordé en Catalogne. Ce n'est pas que nous prenions un souci démesuré des fautes qu'Espartero peut commettre ; mais enfin ce sont des fautes. 


pais vasco antes navarra fueros
LIVRE LES BASQUES LEURS FORS DE J GAZTELU 



Nous ne nous montrerons pas non plus trop exigeant en matière de légalité. Pourquoi Espartero se soucierait-il plus de la légalité quand il s'agit, des fueros que lorsqu'il s'est agi des ayuntamientos ; que lorsqu'il fait fusiller sans procédure ceux de ses adversaires qui tombent entre ses mains ? Le scrupule de sa part ne serait aujourd'hui qu'une pruderie peu en harmonie avec toute sa conduite. Espartero est arrivé au pouvoir par la force matérielle, il s'y maintient par le même procédé ; c'est fort bien tant que cela dure ; mais la légalité n'a rien a voir de ce côté.


españa hombre politico fueros
BALDOMERO ESPARTERO




pais vasco antes fueros
LIVRE L'ABOLITION DES FORS BASCO-NAVARRAIS




Quant à nous, c'est par d'autres motifs surtout que nous blâmons la suppression des fueros. Les fueros, les libertés locales, provinciales, tout ce qui fait obstacle à l'unité nationale est certainement destiné à périr d'ici à un temps plus ou moins long ; et nous croyons que l'Espagne aura fait un grand pas vers la civilisation le jour où elle aura ramené à l'unité tous les tronçons divisés et hétérogènes de l'ancienne monarchie. Ce sera l'oeuvre du temps, le résultat d'une administration habile et éclairée ; mais vouloir en vingt-quatre heures, d'un trait de plume et sans préparation, soumettre les provinces basques au régime des autres parties de l'Empire, c'est les blesser dans leurs souvenirs les plus chers, dans leurs droits récemment et authentiquement reconnus ; c'est surtout les atteindre dans leurs intérêts les plus précieux. Les provinces basques, on le sait, sont la portion la plus riche, la plus industrieuse, la mieux administrée de l'Espagne. Ce gouvernement foral, peu compatible sans doute avec les idées modernes d'unité et de centralisation, avait au moins le mérite de la probité, de la régularité. Les malversations, le pillage administratif, qui sont de droit commun en Espagne, étaient inconnus dans les provinces. Et on veut aujourd'hui leur inoculer systématiquement la gangrène administrative, politique et judiciaire qui dévore le reste du royaume ! C'est là. tout simplement une œuvre de barbarie dont le contrecoup matériel ne tarderait pas à se faire sentir dans le pays basque. Ah ! si l'Espagne avait commencé par mettre de l'ordre dans ses finances, par payer ses créanciers et ses employés, si la justice n'y était plus adjugée au plus offrant et dernier enchérisseur, si ses employés affamés ne se faisaient plus les instruments de la contrebande, si tous les impôts perçus entraient dans le Trésor, si toutes les sommes qui sortent du Trésor allaient à leur adresse, en un mot si l'anarchie séculaire, si le désordre immémorial qui épuise toutes les ressources du pays, avait fait place à une régularité sévère, on comprendrait que l'Espagne, mieux ou seulement aussi bien administrée que les provinces, les conviât au partage des biens et de la prospérité dont elle jouit. Mais aujourd'hui on propose aux Basques d'échanger une administration honnête contre une administration corrompue, des fonctionnaires probes et honorables contre une volée d'oiseaux de proie, et on leur offre, en échange de cette gestion paternelle et honorée, quoi ? les bienfaits dérisoires d'une déplorable communauté ; on leur offre leur part de tout un cortège de calamités qui font depuis des siècles la honte et la ruine de l'Espagne ; le tout pour la plus grande gloire de la symétrie politique. Les Basques disent avec raison : nous sommes contents de nos institutions et vous êtes mécontents des vôtres ; si vous voulez établir l'unité entre nous, prenez nos institutions qui sont bonnes, et ne nous imposez pas les vôtres qui sont mauvaises et condamnées par votre propre témoignage.



Le bon sens et le bon droit sont ici pour eux, et, abstraction faite des conséquences qui en pourront résulter pour Espartero, nous croyons, tout partisans que nous sommes des idées d'unité et de centralisation, que le premier pas à faire dans la voie de l'unité, c'était de réformer l'administration espagnole. L'unité alors eût été un bienfait, aujourd'hui elle ne peut être qu'un fléau ; et nous trouvons tout naturel que les Basques aiment mieux rester riches et bien administrés en dehors de l'unité, que d'acheter au prix du pillage, du désordre et de la vénalité administrative, le titre pompeux de membres de la grande communauté espagnole."






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mardi 26 juin 2018

LES FUEROS BASQUES EN FÉVRIER 1874

LES FUEROS EN 1874.


Les fueros étaient composés d'un ensemble de règles, de droit public et de droit privé, qui servaient à réguler l'administration des provinces Basques et de la Navarre.